Nous l'avons rencontré lors d'un vide-grenier. Je dis " rencontré" car un tel ouvrage ne se" trouve" pas ; c'est lui qui vient vers vous. Il vous prend par la main pour faire un bout de route ensemble, il vous accompagne, vous montre parfois le chemin...
De la gourmandise, de la sagesse, de la truculence à la rabelaisienne,de la générosité et quelle leçon de vie !
L'ouvrage de Jean-Paul Malaurie reprend des recettes publiées dans son précédent opus ' Ma cuisine des quatre saisons", mêlées de chroniques éditées dans le "Journal du Périgord" et de réflexions tendres, fortes et remplies d'humour.
Le tout est illustré par Jacques Hurtaud et préfacé par Roland Mazère, le grand chef de restaurant " Le Centenaire" aux Eyzies.
Voici comment Jean-Paul Malaurie décrit son Périgord :
"Pourquoi pensez-vous que notre ancêtre Cro-Magnon ait choisi le Périgord et les rives de la Vézère comme lieu de vie ? Pourquoi bien plus tard les grands chefs de bande ont-ils érigé tant de forteresses tout au long de la belle Dordogne ?
Les premiers ont trouvé le gîte et le couvert. Au dessus de la vallée, le gibier abondait, cerfs ,rennes, ours, aurochs et mammouths. Au creux des falaises, des grottes profondes abritaient le pépé et sa famille. La rivière regorgeait de poissons. L'Homo sapiens et l'Homo habilis avaient affiné leur savoir et pouvaient confectionner pointes et flèches, harpons,haches, et tout un arsenal de chasse et de pêche. Ils se partageaient de temps en temps un beau mammouth. Bien sûr, celui qui tombait sur la trompe faisait la gueule mais tout finissait par s'arranger.
Plus tard, les châtelains se firent un peu la guerre mais sans plus. Ils rackettaient les bateaux qui naviguaient sur la Dordogne, tout à l'insu du roi de France qui savait à peine où se trouvait le Périgord et se gardait bien d'y mettre les pieds tant il redoutait d'être bombardé de truffes bouillantes et de foie gras fondu. Tout ça était pour le mieux dans le meilleur des mondes car, en plus de tout ça, le Périgord était le pays du bien vivre et de la bonne chair..., et il le reste encore aujourd'hui ..."
Jean-Paul Malaurie est décédé en 2004 à 60 ans. Si nos chemins ne se sont pas croisés, je l'imagine parfois sortir d'un conte de Daniel Chavaroche pour nous préparer une poêlée d'écrevisses....