Avoir un fils globe trotter, navigateur solitaire, nous éloigne souvent et parfois longtemps. Les retrouvailles sont émotionnelles, fortes. Elles apportent un autre regard sur notre monde et remettent nos petits bobos qui font la une des journaux à leur place de bien petits bobos….
Et puis, c’est aussi l’occasion de parler d’Aventure. De piocher dans les récits de bourlingueurs célèbres. Alors on lit ou relit Bernard Moitessier, Tabarly, Blaise Cendrars.
J’ai découvert Blaise Cendrars en lisant « BOURLINGUER ». Incroyable parcours d’un Suisse qui a croisé Picasso, Léger, Modigliani. Un navigateur, un peu homme d’affaires, casse-cou, bagarreur, engagé dans la guerre de 14/18 où il perdit le bras droit.
En parcourant sa bibliographie, j’apprends qu’il a séjourné dans la bastide de Monpazier ( en Périgord Noir !) pour s’imprégner de l’histoire de Jean Galmot, né à Monpazier en 1879 et député de la Guyane. Cendrars en a écrit un livre " RHUM" publié dans les années 30.
Jean Galmot dérange. Devenu très riche, il est comparé à Don Quichotte par Cendrars car il défend les guyanais contre la métropole.
Très riche, disais-je, il acquit le château de Montfort vers 1910 et voilà le pourquoi de ces quelques lignes.
Voici ce qu’écrit Cendrars en 1930 ( du livre RHUM) sur Monfort lors de son séjour en Périgord Noir :
"Au fond du Périgord Noir, dominant la vallée sinueuse de la Dordogne, haut perché, le château féodal de Monfort….
Il était encore en France un coin ignoré du club des cent, du bétail en troupeau de Cook, et des mauvais riches. Des maisons aux toits de pierres, des vallées tantôt lourdes de noyers trapus et noirs, tantôt délicates et élégantes sous les peupliers argentés et, dominant l’horizon dans une brume opale, des citadelles qui sont les statues de ce peuple, des bastides où vivent les âmes de nos pères….
Loin du chemin de fer, au bord d’une forêt millénaire, peuplée de sangliers, de renards, de loups, Monfort a gardé les portes , les enceintes, les murs et les fossés du moyen-âge.
De tous temps, ce pays a été un champ de bataille et un carrefour d’invasions. Les révoltes des esclaves, sur les mines de fer attenantes au château, à l’époque romaine ; l’invasion sarrasine ; l’occupation anglaise au XVe siècle ont fait de cette terre un champs de martyrs.
Les guerres de religion ont dressé Monfort contre Sarlat au XVIe siècle, cependant que les paysans de la vallée se soulèvent dans cette révolte des Croquants qui ensanglanta le entre de la France.
Des terrasses de Monfort on voit à l’horizon les citadelles de Domme, Beynac et Castelnau, et la forêt que coupe en ligne droite la voie romaine, étroite et pavée, tracée au cordeau…. »